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LANDEBOULOU ( Village de )

- Si vous êtes chasseur  ou simplement poète ,
Allez sur les rochers de la Landeboulou ,
Vous aurez à vos pieds mieux qu'un vain saut de loup ,
Où vous vous garderez de faire pirouette .

- Debout dans les lychens et la bruyère rose ,
Assis sur les rochers ou sous les sapins verts ,
Vous pourrez méditer ou faire quelques vers ,
Puisque la poésie existe en toute chose .

-Or , si vous êtes l'un , ou même l'un et l'autre ,
Vos regards étonnés chercheront l'horizon
Qui , quelle que soit l'heure et même la saison
Aura pour vous charmer l'éloquence du nôtre .

- Hérissant à plaisir les crêtes des collines
Des arbres , des clochers , des modestes vieux murs ,
Des faîtes flambant neuf ou passablement mûrs ,
Des ronciers disposés comme des mousselines .

- Puis , devant vous , serrés en un groupe admirable ,
" Dinan " , la ville exquise aux vétustes remparts ,
Plus près , ici et là , quelques bouquets épars ,
A gauche sous vos yeux " Grillemont " l' adorable .

- A main droite , au-delà du Canal d' Ille et Rance
" La Ménardais " juchée en haut d'un vallon court ,
A vos pieds , jaillissant des bois et des labours
" La Vieille " , avec sa butte et sa circonférence .

- Derrière vous enfin , le village paisible
Avec ses toits de chaume et ses verts potagers ,
Ses mûlons rebondis et ses près herbagers ,
Sa subtile rumeur , au rustre intraduisible .

- Alors comme grisé d'air pur , de Poésie ,
Vos lèvres pousseront un doux soupir d'amour ,
Vos veines porteront un sang riche et moins lourd
Comme ce sang des Dieux distillé d'ambroisie .

Eugène Lissillour . Dinan , Le Vieux Pont . Le 25 octobre 1929 .
- Nous laissons le village et prenons la vallée ,
Un sentier s'ouvre à nous , nous le suivons tout droit ;
Ici , regardez bien , maître blaireau est Roi ,
Aussi la basse-cour est elle désolée ( 1 )

- En face , et en " Taden " , nous avons la " Princesse " ...
( Kerrosen ) ... un château avec parc somptueux ,
Ici un bois coquet des moins présomptueux ,
Dont les bords vont toucher l'onde qui les caresse .

- En face encor : " l' asile " , aujourd'hui " l' Ermitage "
On y venait jadis manger des cimereaux
Avec de la saucisse ... et de frais bigarreaux
Cueillis exprès pour nous dans ce joli cottage .

- Suivons le sentier torse à travers la fougère ,
L'ombre est douce , la brise est câline , voici
Une vallée exquise où l'on est bien aussi ,
En face , un autre " asile " avec sa passagère . ( 2 )

- Coupons ce val , suivons le bord de la rivière ,
Là c'est encore un bois d'où l'on découvre au loin
" La Plaine " , où la judelle et le canard millouin
Viennent paître l'herbier comme en une ravière .

- Devant nous : un fiasco ... la muraille de l'oeuvre ,
Sotte ébauche oubliée - et nous applaudissons -
La nature est sacrée , aussi nous maudissons
L'homme qui l'enlaidit par d'obscures manoeuvres .

- Remontons dans les champs , marchons tout en bordure ,
" La Plaine " s'offre à nos yeux éblouis ;
Ecoutez les échos des bronzes réjouis ,
C'est " Taden " , que l'on voit là-bas dans la verdure .

- Marchons : ce roc à pic couvert d'ajoncs sauvages ,
C'est le " Saut à la puce " aux pieds ceints de roseaux ,
Dévalons le sentier , ici c'est " Chantoiseau "
Un domaine bien fait pour abriter un sage .

( 1 )  Désolé , car le terrier du blaireau sert plus souvent au renard .

( 2 )  Sur la Rance on dit communément " passagère " pour bâteau du passeur .


  
- Poursuivons sans arrêt : ceci , c'est  " La falaise " ;
Encore un frais vallon , c'est  " le val Orieux " ,
Traversons-le , suivons ce pourtour curieux
Tantôt fait de granit , tantôt de terre glaise .

- Un coude brusque , ici , ce sont les " Falaisettes " ,
Tout au long ce n'est plus qu'un imposant hallier
Laissons-le pour aller goûter au " Châtelier "
Notre estomac gémit comme au temps des disettes .

- Maintenant , traversons ce village propice ,
Descendons ce chemin taillé dans le roc dur ,
La-haut , ce vieux moulin qui tranche sur l' azur
C'est " Foumoy " , à deux pas d'un fameux précipice .

- Accordonns un regard au divin paysage :
Voici le " Chatellier " , sa cale ; à l' horizon
" Dinan " qui se sait belle ... Oh , sans comparaison...
Et qui nous fait là-bas son plus charmant visage .

- Traversons la colline , et gagnons par " L'écluse " ( 1 )
Le rivage opposé si près de nous ici :
Voici " Lyvet " bâti sur ce bord retréci
Avec son bajoyer dont la cascade amuse .

- Nous franchissons le pont , c'est une autre commune :
Après " Léhon " , " Tréssaint " , " Lanvallay " , " Saint Hélen " ,
" La Vicomté " , voici " Saint Samson " , puis " Taden " ;
Toutes baignent un pied dans la " Rance " opportune .

- Maintenant , nous prenons le chemin de halage ;
Ce bloc de deux maisons c'est " Le Petit Lyvet " ,
Là c'est le " Gros Lucas " , gent : lézard et orvet ,
" La Mettrie " puis un quai : " Taden " fait étalage ! !

Eugène Lissillour . Dinan . Le Vieux Pont . Le 26 Octobre 1929 .


( 1 )  Ecluse du Châtellier ( Lyvet ) .
  
Eugène Lissillour Chantre du Val de Rance .

Ses nombreux écrits empreints de lieux et sites bordés par la Rance attestent que le poète dinannais Eugène Lissillour aura largement mérité le titre de : Chantre du Val de Rance !

Sur la couverture de son guide Le Circuit Rose , le poète se nomme lui-même " Le Rossignol du Val de la Rance " , qu'il traduit en Breton par : " EOSTIK TRAONIEN RANZ " .

En pages 54 , 55 et 56 , du Circuit Rose , Eugène Lissillour a publié une longue poésie nommée " Le Village de LANDEBOULOU " . En voici le texte :
DINAN . La Vieille Rivière et le Château de Grillemont  sur la hauteur . CPA J. Passemard . Dinan . Lorsque dans sa poésie Eugène Lissillour évoque " La Vieille " avec sa butte et sa circonférence , c'est bien de la Vieille Rivière qu'il s'agit .

A droite le Château de La Ménardais ou La Ménardé , lieu cité également ici . CPA Passemard . Dinan . Affranchie à 5 centimes cachet illisible .
Agrandissements de 2 cartes postales anciennes permettant d'apercevoir le moulin de Foumoy  à la Vicomté-sur-Rance , cité par Eugène Lissillour dans ses poésies du Val de Rance .

A gauche : CPA La Rance Pittoresque écluse du Chatelier et Village du Lyvet édition Passemard n° 46 . envoi de 1909 . A droite CPA éditeur non mentionné .
Dans sa poésie Eugène Lissillour traverse la Rance à l' écluse du Châtelier passant de La Vicomté-sur-Rance à la commune de Saint-Samson-sur-Rance par la Hisse ,  pour ensuite se rendre au Petit Lyvet , un lieu qui m'est particulièrement cher .

Sur cette photo on aperçoit le chaland " Louis " , propriété du dinannais  M. Albert Barthélemy ,  ici pris par les glaces au Port du Lyvet . Il pourrait s'agir d'un cliché de l'hiver 1956/1957 lorsque la Rance était entièrement gelée au Lyvet .

Les anciens dinannais se souviennent certainement de l'immense inscription " Barthelemy " en façade de l'immeuble du quai à Dinan . De plus , le 14 juillet à l' occasion des festivités nautiques au port , c'est bien l'un de ses chalands ou péniches qui barrait la Rance

Photo intéressante découverte sur la Toile sur un site dont je n'ai pas retenu le nom m'empêchant hélas de le remercier pour cet apprécié document .

Source pour le chaland " LOUIS " de Albert Bathélémy :  Les Chalands de la Rance du Michel Mauffret aux éditions Astoure ( 2005 ) ouvrage fort intéressant et bien documenté ,  par un passionné de la navigation en Rance .
Eugène Lissillour cite dans sa poésie : " La Princesse " ( Kerrosen ).  Un Château avec parc somptueux .  Dans " Portraits et Fantômes " l'écrivain dinannais Gabriel-Louis Pringué nous informe que la Princesse Guillaume Radziwill née Sophie Van Düclken , avait acheté le château de Kerrosen en Taden afin de se rapprocher de l' hôpital Saint-Jean-de-Dieu dit Asile des Bas-Foins ,  afin de permettre au grand père paternel de l'écrivain , médecin , de s'occuper personnellement du prince Guillaume Radziwill ,  qui sera ainsi interné dans l' établissement .
Dans le quatrain 2 de la page 56 ,  Eugène Lissillour affamé par une longue marche suggère de se restaurer dans le café buvette  "  Au rendez-vous des Pêcheurs  " , situé au village du Châtellier et  tenu par Madame David .

Logique , puisque la tenancière du Rendez-vous des Pêcheurs au village du Châtellier en la Vicomté-sur-Rance a souscrit une publicité publiée dans le guide :
 " Le Circuit Rose  ".

Publicité rouge ci-dessus .

  
Les noms de lieux cités par Eugène Lissillour
dans les pages du Circuit Rose ,


De Dinan , place de la Mairie , devant les établissements
Lucas ( garage occupé ensuite par Citroen ,
 Les Cars Lancien , et dans les années 50 la C.A.T. )

la rue Chateaubriand ,

le Basbourg-neuf ,

le Bois de Léhon ........

Léhon ,

Les ruines du vieux château ,

 le vieux cloître ,

le Vieux pont sur la Rance .

le château moderne de Beauvais ,

La Pointe aux Sapins ,

la carrière ouverte avant l'écluse ,

la petite vallée de Blousa

( J'ai demandé en vain à un moteur de recherches
 de me situer la vallée de Blousa  , en Léhon ou en
Lanvallay ? Site " Blousa "  connu de Eugène Lissillour
 non  encore référencé . )


( Je n'ai pas été aidé à ce sujet par un  visiteur de la page ,
 ni contacté par un érudit local  , ce qui peut signifier que ce nom est sorti des mémoires  )

Après Blousa ,

 le Rocher au Renard ,

 l'établissement des Salésiens .

 le bois Harouard ,

 la propriété des Oliviers ,

Les Combournaises ....

Four à chaux ,

Le Montant-Val ,

Quartier du Vieux-Pont en Lanvallay ,

Le Château-Ganne ( Châteauganne ) construit par
Henri Flaud en 1860 ,

Tour Sainte Catherine .

le Talard  ,

 le Saut à l' âne ,

Ferme maraichère " Des Clos " .

Les Salles ,

 la Vieille Rivière ,

Le champ de tir de la garnison ,

La Butte à Simon ,

Le château de Grillemont ,

Le Vau de Lessard de Métry  ,

Vallée des Abreuvoirs ,

Le Bois Bourges ( butte de tir )

Landeboulou ,

La Ménardais , ou Ménardé ,

Château de Kerrosen dit de la Princesse

La Princesse ( de la Princesse Sophie Radziwill ) ,

L' Asile des Pêcheurs , ( actuellement l' Ermitage
cite l'auteur ) ,

La Plaine de Taden ,

Bourg de Taden ,

Chantoiseau ,

Le Saut à la Puce ,

Village le Châtelier ,  ( avec un L ou avec deux L )

écluse du Châtelier également

Vals Orieux

Les Falaisettes ,

Pointe des Jeannaies

Rendez-vous de Pêcheurs , chez madame David , maison
honnète et confortable .

Mont-Joly ,

Moulin à vent de Foumoy

Le Gros Lucas ( rocher )

Château de la Mettrie ,

La Falaise ,

Le Lyvet ,

Le Petit Lyvet .

Asiles des Pêcheurs chez M et Mme Bourrelet , tenanciers
 aimables

Le Bois des Vaux

Grillemont ( Château )

Usine de la Courbure ,

Vallée des Chênes ,

La ferme de Baudoin

Quais du Vieux-Pont ,

Petit-Fort ,

Jersual ,

Vallée profonde dit Les Lacets ou Le Casse-cou  .

82 , rue du Petit Fort .
Durant le confinement j'ai pu découvrir que le poète dinannais Eugène Lissillour  , né le 27 août 1888 à Saint-Servan-sur-Mer , incorporé à Saint-Malo le 4 octobre 1914 ,  dans le 47 ème Régiment d'infanterie , avait , après quelques mois de campagne contre l' Allemagne , été hospitalisé , en février 1915 , à l'Hôpital Temporaire n° 45 , situé à Cognac en Charente .

Au printemps 1915 , découvrant un vase de fleurs sur sa table de chevet  à l'hôpital temporaire de Cognac Eugène Lissillour  a écrit un poème qu'il a intitulé :  " La Rose de Mai " . ( 15 mai 1915 )  .

Autre poésie écrite dans cet hôpital temporaire de Cognac : " Pour Armande " . Eugène Lissillour précise qu'il s'agit d'une parodie sur l'air de " Severo Torelli " .

A l'intention des futurs biographes du poète et aussi des généalogistes , la poésie " Pour Armande " est bien destinée à sa fille  Armande Pierrette Lissillour " , née à Dinan ,  le 17 août 1908 .  ( décédée à Rocquencourt 78 , le 7 février 1996 ) .

Eugène Lissillour a ensuite été transféré dans une annexe de l'Hôpital Mixte de Dinan située dans des bâtiments ayant appartenu aux Salésiens de Dinan situés 29 rue Beaumanoir .

Il  a profité de sa convalescence à l' Hôpital des Salésiens à Dinan Côtes du Nord , pour écrire des poésies qui seront publiées dans Le Florilège .


Dans l'espoir que le poète dinannais Eugène Lissillour soit enfin reconnu par sa ville d' adoption où il aura vécu de 1908 , à sa mort en 1952 , voici quelques informations le concernant que j'ai pu recueillir

Renseignements qui peuvent-être utiles pour une éventuelle future biographie , à défaut , pour les généalogistes .

Eugêne Pierre Marie Lissillour est né le 27 avril 1888 à Saint-Servan-sur-Mer en Ille-et-Vilaine .

Son père : Guillaume Jean Lissillour , matelot des douanes , puis plus tard :  " préposé visiteur des douanes " ,  est né le 3 septembre 1847 ,  à Trébeurden , Côtes-du-Nord ,  de Yves Marie , et de :  Marie Josephe Le Boustouller . Il décèdera à Saint-Servan le 10 décembre 1901 .

Sa mère Joséphine Pélagie Mettrie , journalière , est née à Plouër-sur-Rance le 27 juin 1851 . Le mariage a été célébré le 19 novembre 1878  , à Plouër  .

Dans la poésie Le Port Saint-Hubert ( page 71 du Circuit Rose ) Eugène Lissillour rend hommage à son grand-père maternel Louis Mettrie , qui fut marin et aussi passeur : maître du bac du Port de Plouër .

Joséphine Lissillour née Mettrie ,  a été inhumée à Saint-Servan le 10 juin 1931 . Publication faite dans An Oaled .

Après la noce ,  les époux Lissillour se sont installés à Saint-Servan-sur-Mer , rue Saint-Pierre , non loin de la Tour Solidor . Ensuite la famille s'installera aux Quatre-Pavillons toujours à Saint-Servan .

Avant son mariage Guillaume Lissillour résidait à Saint-Jacut-de-la-mer ( 22 )

Eugène Lissillour a déclaré dans Le Circuit Rose  :  "  Dinan , ma ville adoptive depuis le 6 janvier 1908  " . ( en page 36 )  .

Notre compatriote trécorrois Eugène Lissillour , qui exerce à Dinan la profession d'ébéniste d' art Breton est un poète français bien doué , dont le talent original vient de se révéler par une oeuvre très personnelle La Voix des Vents . ... Pour la revue An Oaled , Eugène Lissillour restera donc un " trécorrois " , bien que définitivement installé à Dinan jusqu'à la mort que le surprendra le 4 mars 1952 ,  dans sa belle ville d'adoption  !

Le poète dinannais Eugène Lissillour ,  a contracté mariage à Lannion ( Côtes-du-Nord )  le 22 mai 1907 ( avant son arrivée à Dinan ) , avec Gabrielle Marie Anne Kervern , une compatriote trécorroise .

Gabrielle Kervern avait épousé en première noce :  François Marie Leon , né le 18 mai 1873 à Lannion ( 22 ) . Mariage célébré à Lannion le 16 novembre 1899 .

Les poésies " Pour Armande " et " Chansonnette à Jeannine " sont bien adressées à ses filles .

A notre connaissance , Eugène Lissillour à habité à Dinan , au :  42 rue de l' École ( 30 octobre 1911 ) ,  ensuite à Lanvallay , au Pont , sans autre précision ,
 ( 13 ocrobre 1914 ) ,  enfin , à l'adresse bien connue à laquelle il a même consacré un poème , au titre éponyme ,  située  au :  82 rue du Petit Fort .



Sur sa vie personnelle , en dehors de ses commerces et de ses randonnées à travers le Val de Rance transcrites de ses poèmes et récits , nous n'avons encore obtenu aucune information  .

J'invite les visiteurs intéressés à revenir sur cette page
Photo de l' occupante du château de Kerrosen en Taden : la Princesse Guillaume Radziwill née Sophie Van Dulcken , amie de la famille Pringué de Taden en Dinan . Louis Pringué , médecin et grand-père de Gabriel-Louis avait fait en sorte que le prince polonais souffrant d'aliénation mentale se fasse interner à  l' Hôpital psychiatrique des Bas-Foins à Dinan .

(  Source : Portraits et Fantômes de Gabriel-Louis Pringué , où de nombreuses pages sont consacrées à la Princesse du château de Kerrosen . L'orthographe des patronymes et tites , tirés des écrits du romanesque auteur dinannais . )

Pour une biographie beaucoup plus fiable de la musicienne et princesse Radziwill , décédée à Dinard le 15 juillet 1923 ,  il est recommandé de se se reporter à la longue enquête ( illustrée ) réalisée par la Professeure émérite de l'Université de Rennes 2 : Madame Marie-Claire Mussat , publiée dans : LE PAYS DE DINAN , année 2017 , sous le titre :
Une Grande dame du piano à Kerrosen : Sophie Dulcken , princesse Radziwill .
Dinan . Hôpital Temporaire des Salésiens à Dinan . Guerre 1914 - 1918 . Ce bâtiment situé au 29 rue Beaumanoir à Dinan a auparavant appartenu aux Salésiens de Don Bosco , avant d'être occupé , après le départ forcé en 1903 de la congrégation , par les élèves du Collège des Cordeliers de Dinan . 

Les élèves du Collège des Cordeliers de Dinan expulsés à leur tour en 1907 de leurs bâtiments historiques ont occupé le 29 rue Beaumanoir à Dinan en attendant leur réintégration en 1910 dans le Couvent d' Henri d' Avaugour

Pendant la première guerre mondiale ce bâtiment a abrité l' Hôpital Temporaire des Salésiens à Dinan . C'est dans cet établissement que le poète dinannais Eugène Lissillour a été soigné en 1915 , après  son transfert depuis l' Hôpital Temporaire de Cognac .

Laissé à l' abandon le bâtiment dit des Salésiens a après d'onéreux travaux abrité dès 1935  l' Institut des Salésiens , ou l' École de Rééducation de Dinan .

Aujourd'hui encore l'immense bâtiment  fonctionne en Institut Médico Pédagogique

Sur la carte postale de droite on aperçoit : La cour de l' Hôpital Temporaire des Salésiens à Dinan , la 3ème carte présente une vue depuis la Rance .

( Lire : l' École de Rééducation de Dinan : " 25 années au service de l'enfance déficiente en Bretagne " par le docteur Victor Godard , médecin des Hôpitaux Psychiatriques " . éditions Les Presses Bretonnes - Saint-Brieuc . 1947  )
Eugène Lissillour a publié en 1930 dans Le Florilège volume 7 ,
 le poème " Enthousiasme " écrit en 1919 ,
préfacé : A ma Bretagne ( Le poète est roi . )

<< - O mes belles forêts , mes amours sans rivales ,
<< Mes vallées aux prés verts pleins de noires cavales ,
<< Mes landiers imprégnés de suaves parfums ,
<< Mes grèves où les vents ont la voix des défunts .

<< O mes vieux murs parés de longs cheveux de lierre ,
<< Mer archaïques tours aux lourds donjons de pierre ,
<< Mes clochers ravissants au front impérieux
<< Mes calvaires dressés dans l'air mystérieux .

<< O mes bois essaimés sur les routes poudreuses ,
<< Mes ruisseaux tapageurs aux cascades ombreuses ,
<< Mes rochers escarpés couverts de lychens roux ,
<< Mes guérets pleins d'ajoncs de genêts et de houx .

<< O mes belles orées aux bruyères fournies ,
<< Mes chaumières toujours abondamment garnies ,
<< Mes champs resplendissants de lune ou de soleil ,
<< Ma ville sans rivale et mon toît sans pareil .

<< O mes monts hérissés de cimes frissonnantes ,
<< Mes groupes de Menhirs et de Pierres Sonnantes ,
<< Mes Peulvens , mes Cromlechs , mes Dolmens , mes tombeaux ,
<< Mes grottes ! - du passé symboliques lambeaux .

<< O ma côte rustique aux asiles sauvages ,
<< Mes ilôts enchassés dans mes tristes rivages ,
<<Mes falaises sans nom , mes garennes sans fin ,
<< Mes sentiers imprégnés d'un éternel parfum .

<< O mes troupeaux beuglant dans cette solitude ,
<< Mes vieux pâtres rêvant en toute quiétude ,
<< Mes laboureurs hâlés de soleil et de vent ,
<< Mes hameaux si jolis , mon Peuple si fervent .

<< O  mes barques voguant sous leurs ailes étranges ,
<< Mes hardis matelots , héroïques phalanges ,
<< Mes gouffres sans échos , mes ondes sans merci ,
<< Mon ciel , que l'océan , de brouillards , obscurcit .

<< O mon immensité monotone , et si belle ,
<< Ma Bretagne ! ... si douce , et pourtant si rebelle ,
<< Mon pays si propice aux malheurs ignorés ,
<< Bretons que la légende a voulu timorés ,
<< Je vous aime !... et bien que souvent je le redise ,
<< Sans crainte qu'on en rie ou que l'on en médise ,
<< Soit au cours de mes nuits , soit au cours de mes jours ,
<< Je le redis encore , et redirai joujours ! ...

Breton toujours !...

Eugène Lissillour . 1919 .
  
Honte à la déracineuse . Protest Poem - un hymne à la langue Bretonne . Eugène Lissillour .

Fervent patriote Breton et protestataire engagé le poète dinannais Eugène Lissillour , né à Saint-Servan-sur-Mer en 1888 , d'origine trégoroise par son père et plouëraise par sa mère aura milité avec force et conviction pour la pratique de la langue bretonne .

En témoigne sa poésie " Honte à la déracineuse " construite telle une Protest-Song ou un chant de révolte .

La Nation Bretonne " présente dans son numéro 5 , du 16 aout 1931 , ce cri du coeur , rédigé en vers par le poète dinannais intitulé :  Honte à la déracineuse " , et présenté ainsi par la revue :

Beaucoup de Bretons , en particulier les Hauts Bretons , ignorent la langue bretonne et en souffrent . Voici la réplique de l'un d'eux :

HONTE A LA DERACINEUSE

France , tu m'as appris la langue de tes fils ,
L'histoire de leur race aux dépents de la mienne ,
Tu m' as déshérité , le jour où tes vieux lys
Tombèrent , écrasant notre hermine chrétienne .

- Adore ton régime , admire ses couleurs ,
S'ils m'étaient étrangers je n'en voudrais médire ,
Mais ils sont à mon âme autant de non valeurs
Puisque j'en ai souffert assez pour les maudire .

- Tu m'as sacrifié sans vergogne à ton Dieu
En ne m'enseignant pas la langue de mes pères ,
Si bien que je ne suis en mon propre milieu
Qu'une sorte d' eunuque en regard de mes frères .

- Mon coeur exaspéré ne pardonnera pas
Ce crime perpétré contre ma conscience :
Avant le jour fatal de mon proche trépas
Tu devras l'expier ... j'en ai la préscience .

Eugène Lissillour . Poète dinannais .

Ce poème méconnu :  " Honte à la déracineuse  " devrait plaire aux nostalgiques de la Bretagne bretonnante , et aux autres ...
Eugène Lissillour poète dinannais méconnu . Un beau titre pour une biographie et un excellent sujet à développer dans une future publication de
l' annuel " Pays De Dinan " .
Lu dans : An Oaled N° 67 de 1939  : Eugène Lissillour ( avec par erreur un seul L )  , à peine cinquantenaire est originaire du Trégor . Il habite au Vieux Port à Dinan , où sa boutique de Sculpteur sur bois et d'artiste graveur est très courue . Poète remarquablement inspiré , il s'est fait un nom dans la phalange
 d' Auguste Bergot , de Brest , qui a édité de lui : " La Voix des Vents " , en 1929 . 

Conteur et journaliste , Lissillour a collaboré à de nombreux journaux et revues de province .

Dans un autre An Oaled : Lissillour ( toujours avec un seul L )  est menuisier et ne dispose que de ses nuits pour s'adonner à la poésie - On ne peut nier le souffle , l'inspiration de cet autodidacte .

Écrits de Eugène Lissilour ( avec un seul L ) dans AN OALED :  Poésie " Hymne à la Rance "  ( 1931 ) - Profession de foi ( 1931 )  - Le Cimetière des Druides ,
 ( 1932 ) -   Répertoire du Patois Gallo ( 1933 )  - Un pélérinage à Guitté ( 1934 ) - Répertoire du Patois Gallo , suite  ( 1934 ) - Les sources de la Rance ( 1937 ) -
Les morutiers de Saint-Malo ( 1938 ) dans son récit il rend hommage à son oncle Léon Mettrie aux 25 campagnes sur les bancs de Terre Neuve qui demeure comme son grand-père Louis Mettrie , à Port Saint-Père en Plouër sur Rance . - Poésies françaises ( 1939 ) .

Eugène Pierre Marie Lissillour , né le 27 avril 1888 à Saint-Servan-sur-Mer de Guillaume Jean et de Joséphine Pélagie Mettrie . Sculpteur . domicilié en 1911 au 42 rue de l'Ecole à Dinan , puis au Pont de Lanvallay ( 1914 ) , enfin , au  : 82 , rue du Petit Fort à Dinan . Décédé à Dinan le 4 mars 1952 .

Dans Le Florilège , tome 8 , Auguste Bergot créateur des éditions poésia de Brest , en présentant le poète dinannais Eugène Lissillour dont il publie les poésies , nous informe que celui ci est Membre Correspondant de l' Académie des Belles-lettres , Sciences et Arts,  de la Rochelle .

Breton au caractère bien trempé , le Chantre du Val de Rance Eugène Lissillour a été la victime d'un différend dans sa ville de coeur qui a été rapporté dans la revue bretonne   : An Oaled n° 44 , du second trimestre 1933 :

 " Mis au défi , par les anti-bretons de Dinan , de sortir en costume breton et bragou-braz , le bon sculpteur Eugène Lissilour  ( Barde d' honneur EOSTIK RANZ ) s'est fait confectionner une tenue bretonne par la Maison Marc Le Berre, de Pont-l'Abbé , la même qui broda le costume Académique de Charles Le Goffic .

Et Lissilour a confondu ses adversaires en leur chantant :

Je porte bragou-braz , parce que mes Grands-Pères
Le portèrent jadis , aussi élégamment
Que ces prétentieux et stupides compères
Condamnés par la Mode au Falzar du moment ! "
  
En septembre 1933 et février Eugène Lissillour a composé deux poésies en patois gallo . Ces poésies en langage pittoresque du cru ont été publiées dans Le Florilège . Vous pourvez les découvrir en cliquant sur la page : Poésies en patois dinannais par Eugène Lissillour